Merci à mes amis Dominique et Sylvie de m'avoir fait recroiser la route de Bernard LAVILLIERS à l'occasion de son concert donné à Rennes ce jeudi soir.
Nous y avons retrouvé un LAVILLIERS généreux, au plaisir intact de chanter et chalouper, sous tous ses registres, de toutes ses couleurs : seul à la guitare douze cordes, en formation orchestrale (avec une formidable brochette de musicos "polymorphes"), aux rythmes salsa, reggae, bossa, rock, manouche... Prés de trois heures
dans l'univers si personnel de LAVILLIERS, au gré de s
es œuvres désormais intemporelles, universelles. "On le voit tous les vingt ans, ça nous mêne en 2028 - rigolaient avec moi deux quinquas au sortir du concert - et ce sera toujours le même plaisir".
Pour moi Lavilliers restera toujours attaché au souvenir très fort de ce mois de juin 1972. J'étais trés jeune animateur de la rénovation rurale, en Pays de Ploermel, chargé du développement "culturel, social et touristique" (et oui tout ça en même temps !...) quand un gars nommé LAVILLIERS, animateur au Chateau du Bois de la Roche, camp de naturisme à Néant sur Yvel, me téléphone et m'invite à venir le rencontrer. "j'ai appris par un ctp de Jeunesse et Sports à Vannes que vous pourriez peut-être m'organiser une soirée cabaret un de ces soirs sur Ploermel, je viens de sortir mon premier disque." La référence de Claude Giraud, ce conseiller JetS qui faisait un super travail de promotion de la jeune et nouvelle chanson Française, suffisait à créer l'intérêt et je me rendais de-re-chef au rendez-vous. Bernard LAVILLIERS arrondissait ses fins de mois d'artiste débutant en tenant, avec sa femme, le bar du domaine : imaginez la qualité des soirées cabaret auxquelles avaient droit, cet été là, les vacanciers naturistes...
Convié à une de ces soirées, je m'enthousiasme pour le Stéphanois et cherche le moyen de lui organiser une soirée à Ploermel. Disons le clairement je n'avais pas de budget, pas de lieu, à peu prés aucun savoir faire, seulement un titre ronflant d'animateur de la rénovation rurale ! Le lieu fut vite trouvé : le tout neuf hangar de la base nautique de l'Etang au Duc. Au dessus du bureau, dans la charpente il y avait une sorte de grenier auquel on accédait par une échelle. Un coup de balais, quelques bancs trouvés dans une école, des bougies et des lampes à pétrole pour tout éclairage (l'électricité n'était pas encore branchée...) et voici improvisé un superbe cabaret (à cette époque on ne se préoccupait pas de commissions de sécurité et autres embarras réglementaires !). Dans ce lieu improbable Bernard s'est produit seul, avec ses deux guitares, sans sono, grand type, alors très cuir - il portait je m'en souviens une longue veste et des bottes cuissardes en cuir beige... Et ce fut, vous l'imaginez bien, une soirée mémorable dont nous sommes bien peu, hélas, à garder le souvenir : les quinze ou vingt jeunes et les quelques profs ou travailleurs sociaux que je réussissais
à mobiliser pour chacune des "manifestations culturelles" que
j'organisais... Déjà, pour Bernard Lavilliers, "la chanson, qu'elle soit noire ou de n'importe quelle couleur, était un cri qui vient de l'intérieur" comme hier soir encore il nous le prouvait.
Si ce n'est déjà fait, achetez son dernier disque, "Samedi soir à Beyrouth". (pour visionner une vidéo sur l'enregistrement du disque cliquez ICI) Et, si vous avez raté le concert de Rennes vous pourrez le voir et l'entendre cet été à BOBITAL ou aux Vieilles Charrues, avec sa joyeuse bande de musicos géniaux et aussi Balbino MEDELLIN, une découverte de première partie dont je vous reparlerai plus tard...> ICI
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