(Article publié ce matin sur NouvelObservateur+)
DSK s’en sortira, au moins au bénéfice du doute, et j’en serai sincèrement heureux pour lui, s’il s’avère innocent et victime d‘une manipulations de la vérité.
Mais ce qui s’est passé, ce qui lui est arrivé, a renforcé mon peu d’enthousiasme à contribuer à son élection. Et j’imagine que si j’avais été un de ses soutiens je serais toujours dans une colère noire.
Comment faire confiance à un type aussi léger, aussi inconséquent. Quand on se veut personnage public, que l’on prétend à la magistrature suprême, que l’on entraine autour de soi autant de soutiens, que l’on provoque autant d’espoirs, on s’interdit un certain nombre d’actes, d'attitudes, particulièrement au moment de la bataille décisive et ensuite, le temps du mandat – et c’était déjà le cas au regard de sa responsabilité au FMI.
On appelle cela l'engagement et s'engager est évidemment auto limitant.
Certains penseront que remonte là un vieux fond d’éducation chrétienne pudibonde et moralisatrice : trop facile ! Que l’on aime et pratique le sexe sans limites (hors la barbarie et les pratiques dégradantes bien sûr, au premier rang desquelles le viol), dans toutes les configurations possibles ; que l’on soit amateur de bonne chair et de bonne chère, paillard, libertin… j’adore, je respecte, j’envie même parfois ceux qui, plus que moi, osent, vont au bout… D’ailleurs les vieux relents d’ordre moral que charrie l’événement n’ont pas manqué de m’indisposer ces dernières semaines…
Le problème c’est qu’il est des styles de vie, des choix de vie (non contestables en soi, au plan individuel ) incompatibles avec certaines fonctions, certaines responsabilités qui demandent tempérance, concentration sur le long cour, crédibilité, et finalement – sans être "Hollandais" pour autant - une sorte de normalité, pris au sens d’attitudes et comportement qui ne vous placent pas en marge, en exergue du groupe, de la société, du peuple que vous vous engagez à servir.
Pour sortir du registre politique, idéologique et moral on peut comparer les candidats à la présidence à de grands sportifs. Avant et pendant la compétition il leur faut se plier à une hygiène, une discipline de vie drastique et tout manquement en cours de route est immédiatement ou à long terme sanctionné par les résultats.
On peut dire la même chose d’un artiste dont le public attend qu’il ne le déçoive pas, le jour du spectacle. Bien sûr il lui concède plus facilement le droit à une vie, des attitudes "border line", voire "out line" - c’est là la fonction projective de l’artiste que ne sauraient tenir nos leaders politiques, en démocratie.
En somme il faut à un sportif de haut niveau, à un artiste, "savoir se tenir" juste le temps nécessaire à la préparation et à la réalisation de la performance qu’il s’impose et que son public soutient et attend. C’est la même chose pour les candidats aux hautes responsabilités sociales, économiques, politiques.
Malheureusement DSK – et l’on a pu parfois en dire autant pour notre actuel président, et d’autres auparavant – nous a montré qu’il "ne savait pas se tenir" pour gagner et ensuite "faire le job". Ceci dans le contexte sociétal actuel, bien sûr !