Aujourd'hui, vous vous en doutez bien, nous dit Nath, je vais parler de l'assassinat des 10 personnes à Tucson, Arizona...
C'est à 2 heures de chez moi, au sud, par l' I10.
Les articles sont légions, et beaucoup de mes proches s'inquiètent de ce climat. Évidemment la première chose pointée du doigt (à juste titre) c'est la libre circulation des armes. Il y a quelques jours j'écrivais que je m'habituais... Et bien non ! Je ne pourrai jamais. Pour moi, voir des flingues à la ceinture d'un quidam dans la rue représente la peur à l'état pur. Il parait que je suis atteinte d'"hoplophobie", peut-être que c'est moi la cinglée, mais j'ai du mal à comprendre que pour se sentir libre on doivent être en mesure de butter quelqu'un.
Au début du blog, alors que je disais ma sidération de voir autant d'armes, une commentatrice s'étonnait : "ils ne portent pas tous une arme, tout de même". Et bien, si ce n'est pas tous, c'est tout de même beaucoup, beaucoup... de plus en plus. Si je prends juste ma rue on ne doit être que trois foyers à ne pas en avoir. Tous les ans la NRA, fait son congrès à Phoenix. On assiste à une sorte de jubilation des gens à cette occasion, considérant que posséder une arme est aussi naturelle que de respirer.
Depuis Juillet dernier (si ma mémoire est bonne), les armes cachées ne sont plus soumises au permis de port d'arme... Il y a quelques mois un lockdown (fermeture hermétique de toute l'école, avec silence dans les classes car un danger rode) et une " police situation" ont été provoqués par un individu qui a "oublié" de retirer son flingue en pénétrant dans l'école. Nous n'avons été que deux parents à nous en indigner. L'école et les autres parents nous ont regardé comme des hystériques.
La semaine dernière un mall où je vais régulièrement déjeuner avec une copine a été pris pour un stand de tir. Nous aurions pu y être.
Et je ne parle pas des crachats quotidiens que je recevais lorsque je travaillais au centre de planning familial.
Un réel climat de haine. " Barack Obama n'est pas "le président" mais un noir à la maison blanche". (propos entendus de la bouche de collègues d'un ami.)
Les Tea parties et La loi sb 1070 , Fox, Glenn Beck exacerbent les peurs et la haine de l'étranger. J'ai entendu lors d'un BBQ, "on ne me fera pas croire qu'un américain ne pourra pas faire votre travail !" s'entend dire Seb (le mari de Nath, ingénieur). Et pour designer un ami Brésilien, un collègue l'appelle "le singe". Signalé aux ressources humaines, il a déclaré que c'était de l'humour... Bien-sûr. Et n'a pas été blâmé. J'ai déjà parlé de mes enfants.
Et ce médecin au boulot que j'ai du menacer de procès pour discrimination, parce que selon lui "je piquais la place d'un américain".
La réforme de l'assurance santé ne passe pas. Et surtout pas en Arizona... Pourquoi ? parce que c'est culturel. Parce que qu'on veut être libre. " Mais tu es une libérale,t u ne peux pas comprendre. Et puis les armes non plus, tu ne peux pas comprendre".
Non je ne comprends, en effet pas, que l'on puisse rendre facile à un malade mental d'assassiner 10 personnes dont une gamine de 9 ans tirée à bout portant, comme un vulgaire gibier. Et on entend : " il aurait pu aussi bien faire un "classique school shooting". Buter des mômes dans une école c'est devenu "classique". C'est bien le problème, ça provoque pendant 3j ours de l'indignation, après on passe à autre chose... ça redevient "business as usual" et les lobbies sont toujours aussi bien placés et arrosent toujours autant de monde.
On peut me répondre qu'en France aussi (encore ce week-end à Bayonne) des cinglés, des désespérés tirent sur la foule. A Nanterre, Richard Durn, est devenu tragiquement célèbre pour les mêmes faits.... Une prise d'otage dans une crèche à Besançon, quelqu'un qui tire sur la foule à Lyon, l'actualité est truffée de toutes ces atrocités. Mais j'ai tout de même l'impression que c'est moins souvent, moins banal.
Mais après tout je peux encore écrire ça sur un blog, sans me faire arrêter... Quelques blogueurs Tunisiens, Chinois, Iraniens... etc en seraient heureux.
Copié du blog Nath in Phoenix
Nath et son Mari Seb, expatriés Français, vivent avec leurs deux enfants à Tucson Arizona depuis trois ans. Dans son blog elle partage ses impressions de femme, mère de famille et travailleuse* dans la société Arizonnienne : de plus en plus souvent "dur dur !", semble-t-il ?
* Aprés avoir été conseillère en planning familial elle est aujourd'hui coach du quotidien.
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