Nath est une Française (Savoyarde, amie d'Alberte ) expatriée aux Etats Unis où son mari est employé comme ingénieur, depuis trois ans. Elle tient un blog ("Nath in Phoenix") que j'ai relayé à plusieurs reprises . Elle y partage (avec un bande de copine du même accabi) une vision souvent amusée, parfois acérée de la société Américaine. Son dernier post nous informe de manière trés précise sur les effets de la crise sur la middle class de son quartier, dans un pays où ne jouent pas, ou trés peu, les amortisseurs sociaux.
La crise immobilière n'est pas terminée ! La crise économique non plus d'ailleurs... Elle touche désormais les middle class, et de façon très sévère.
Les assurances ont augmente drastiquement (x 3 pour la notre), les prix dans les magasins ont flambé et promettent de continuer avec la hausse des matières premières. Si l'essence pour le moment reste raisonnable, elle est loin d'être bon marche et grève les budgets.
En ce qui concerne l'emploi, si la destruction massive du début de crise est finie, le taux de chômage tourne autour des 10 % en Arizona (a peu près le taux national) son taux historique depuis 10 ans (tous les chiffres ici.) A noter que tous les états ce sont des donnees historiques ! Ça en dit long sur l'économie des USA.
Et dans un pays où, si tu n'as pas de travail, tu n'as plus ni couverture de sante ni revenus (le chômage est dans le meilleurs des cas de 6 mois et une allocation de misère 60 $ par semaine au minimum et 240 $ au maximum...). Et malheur a ceux qui n'avaient pas d'économies.
J'habite, comme vous le savez un quartier de la middle class. Des cols blancs, des fonctionnaires (des policiers), des artisans. Des personnes qui bossent pour vivre mais ont des revenus suffisants pour avoir une jolie maison sans ostentation, deux voitures, bref la vie confortable moyenne de l'"american dream". Des gens qui ne dépensent pas a tord et a travers, qui ont épargné et qui possèdent leur maison depuis plus de 10 ans en moyenne. Leurs enfants vont en public ou charter school. En France on dirait : ils ne pètent pas plus haut qu'ils n'ont le cul.
Mais voila au bout de deux ans ces personnes n'ont plus une once d'économie. La plupart ont perdu leur retraite durant la crise financière, ont mis longtemps a retrouver un emploi, mais bien moins paye qu'avant, sans benefits (les assurances sante pour la famille) et donc ont du mal a joindre les deux bouts.
Un matin, on voit garé devant chez eux des "pods". Des mini containers sur la drive way, dans lequel est entreposé le minimum essentiel. Quelquefois ca s'arrête là. Un autre matin la boite métallique disparait, les proprios retrouvent le sourire, et nous sommes soulagés, la situation s'arrange.
Sinon, c'est le garage rangé, des boites empilées, et le "yard estate sale". Les meubles, le linge, les bibelots, la vaisselle, quelque fois les lits. Tout ce qui peut rapporter de l'argent, à prix bradé. Les voisins n'y participent jamais. Et évitent de passer devant la maison : une sorte de superstition. Car ils savent que le lendemain ou le surlendemain, un panneau fait son apparition : On sale, à vendre.
Il faut savoir qu'aux États-unis on ne peut pas vendre une maison en dessous du montant de ce que l'on doit à la banque, alors on demande à son créancier la permission, et c'est celui-ci qui négocie le prix de la vente. C''est le short sale. Le proprio part avec dignité et quelques dettes, tant le prix de l'immobilier a baissé. Le forclosure c'est la saisie de la maison par la banque et l'expulsion des propriétaires. Nos voisins en font l'expérience. Ils avaient acheté 450 000 il y a 5 ans, la maison est en vente a 145 000 seulement.
Mais depuis 2 ans, les propriétaires ripostent. C'est le "walk away". On renvoie les clefs de la maison à la banque, et démerdez vous ! C'est pour l'ancien proprio la bankruptcy, la banqueroute personnelle. Ce qui permet d'échapper aux poursuites de ses créanciers, et ne pas être saisi sur le reste de ses revenus.
Ils le font en disant : c'est bien fait pour eux... Une de mes copines a fait ce choix. Ses parents ont payé un condo. Elle est juste partie, en laissant les clefs à la banque. Lorsqu'elle me l'annonça, je tombais des nues. Elle me répondit que j'étais bien naïve et bien française... C'était eux ou moi ! Si je les avais laissé faire ils m'auraient tout pris, alors je me protège, moi et mes enfants.
On rencontre de plus en plus de gens amers, sans espoir... Ils tombent dans les bras des tea parties (parti qui tend à se scinder des republicains, ultra-conservateur, très à droite et populiste), emmenés par Sarah Palin, et dont le crédo est : god, guns, guts. (dieu, des flingues, des couilles).
C'est triste un rêve qui prends l'eau !
Bises de Nath qui paye ses dettes pour ne pas lâcher son palmier !!!!
Article publié sur Nath in Phoenix