Une
avalanche de discours et d’annonces provocatrices s’est abattue depuis
plusieurs jours sur notre pays. Jusqu’au plus haut niveau de l’Etat, on entend
des propos qui étaient jusqu’à présent l’apanage de l’extrême droite. Le président
de la République, lui-même, montre du doigt des communautés et des groupes
sociaux entiers, stigmatise les Roms, les Gens du voyage, les étrangers, les
Français qui ne sont pas « de souche », les parents d’enfants
délinquants, etc. Ce faisant, il ne lutte en rien contre la délinquance, qui est
répréhensible pour tout individu sans distinction de nationalité ou d’origine :
il met délibérément en cause les principes qui fondent l’égalité républicaine,
alors que déjà une crise sociale et économique d’une extrême gravité menace la
cohésion de la société tout entière.
En
quelques jours, les plus hautes autorités de l’Etat sont passées de
l’exploitation des préjugés contre les Gens du voyage au lien, désormais
proclamé, entre immigration et délinquance, puis à la remise en cause de la
nationalité française dans des termes inédits depuis 1945. Ce qui est à l’œuvre
dans cette démarche s’inscrit dans une logique de désintégration sociale
porteuse de graves dangers.
Il
ne s’agit plus du débat légitime en démocratie sur la manière d’assurer la
sûreté républicaine, mais bien d’une volonté de désigner comme a priori
dangereuses des millions de personnes à raison de leur origine ou de leur
situation sociale. Quelle que soit la légitimité que confère l’élection, aucun
responsable politique n’a reçu mandat de violer les principes les plus
élémentaires sur lesquels la République s’est construite.
Parce
que le seuil ainsi franchi nous inquiète pour l’avenir de tous, nous,
organisations associatives, syndicales et politiques diverses mais qui avons en
commun l’attachement aux principes fondamentaux de la République laïque,
démocratique et sociale, rappelons avec force que l’article 1er de
la Constitution « assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans
distinction d'origine, de race ou de religion », et que toutes
propositions qui méconnaîtraient cette règle fondatrice de la démocratie
constituent une atteinte à la paix civile.
Nous
n’accepterons sous aucun prétexte que le nécessaire respect de l’ordre public
soit utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et
désigner des boucs émissaires.
Nous
appelons donc l’ensemble des citoyens de ce pays à manifester publiquement leur
opposition aux stratégies de stigmatisation et de discrimination et aux
logiques de « guerre » qui menacent le vivre ensemble. A cet effet,
nous proposerons dans les prochains jours à la signature en ligne un « Appel
citoyen » refusant toute politique de la peur ou de la haine. Et nous
appelons à un grand rassemblement citoyen à l’occasion du 140e anniversaire
de la République, le samedi 4 septembre Place de la République à Paris, à 14h00,
et partout en France, pour dire ensemble notre attachement à la liberté, à
l’égalité et à la fraternité qui sont et qui resteront notre bien commun.
Signataires : AC ! Agir
ensemble contre le chômage,
Les Alternatifs, Les amoureux au banc public, Association de défense des
droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM), Association
France Palestine Solidarité (AFPS), Association des Marocains en France
(AMF), Association nationale des Gens du voyage
catholiques (ANGVC), Association
républicaine des anciens combattants (ARAC), ATTAC, Autremonde, Cedetim, Confédération française
démocratique du travail (CFDT), Confédération générale du
travail (CGT),
La Confédération Paysanne,
La Cimade, Le Cran, Droit
au logement (DAL), Emmaüs France, Europe Ecologie, Fédération pour une
alternative sociale et écologique (Fase), Fédération des associations de solidarité avec les
travailleurs immigrés (FASTI),
Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion
sociale (FNARS), Fédération SUD Education, Fédération
syndicale unitaire (FSU), Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des
deux rives (FTCR), FNASAT-Gens du voyage, Fondation Copernic, France Terre
d’Asile, Gauche unitaire, Groupe
d'information et de soutien des immigrés (GISTI), Les Jeunes Verts, Ligue des droits
de l’Homme (LDH), Ligue de l’enseignement, Marches européennes, Médecins du
Monde, Le Mouvement de la Paix, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre
les peuples (MRAP), le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA),
le Parti communiste français (PCF), le Parti de Gauche, le Parti socialiste
(PS), Réseau d'alerte et d'intervention pour les droits de l'Homme (RAIDH),
Réseau Education Sans Frontière (RESF),
SNESUP-FSU, SOS Racisme, Syndicat des avocats de France (SAF), Syndicat
de la magistrature (SM), Union
syndicale Solidaires, Les Verts.
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