De Göteborg . Otra, notre "poête - écrivain voyageur" répond à Anne Alice :
« 2A » nous propose une réflexion sur le voyage d’une rare pertinence et angle de vue, pour le coup bien nommé, en devient différent.
Mais de quel voyage parle-t-on ? Celui de nous autres, petits nantis occidentaux qui pouvons nous permettre de partir à l’autre bout du monde en prospection de soi ou des autres et revenir quand bon nous semble pour retrouver les choses et notre confort tel que nous les avions laissés. Ou voyage de l’immigrant qui n’a d’autre choix que de subir la faim ou le poids d’une vie pour rien s’il n’agit pas, même et il le sait, au péril de sa vie…
Peut-on seulement parler de voyage quand lieu et date de retour sont prévus ? Je n’ai pas les réponses à cela ; à ce monde là et ce mode de vie que pourtant je vis au jour le jour et parfois même douloureusement jusque dans ma chair et mon cœur.
Pourquoi n’ai-je jamais été aussi malheureux que le jour où j’ai acheté une belle petite maison en ce coin magnifique de la côte de Granit rose, que nombres de voyageurs ont inscrit sur leur liste des endroits à découvrir ?
Pourquoi, il y a quelques semaines sur la route en direction de Fribourg où le soir même je devais prendre un nouveau boulot, tout mon capital sur la banquette arrière de ma petite voiture, fus-je tant excité par ce coup de téléphone qui m’annonçait que ma candidature pour ce job à Göteborg était acceptée. Marseille le matin, direction programmée Lausanne, destination réelle Göteborg … Adresse zéro, presque six mois d’hôtels ou d’apparts vides et sous-loués, portable à l’indicatif selon puce du pays, internet selon connexion.
Je n’ai pas le niveau de réflexion de la jeune AA et encore moins celui des prestigieux invités au salon de Saint Malo ce week-end, pour expliquer pourquoi ce genre de situations me fait tellement bander, alors qu’à coup sûr, riche de moins d’un salaire en poche et à bientôt 48 berges, elle filerait le vertige à tant d’autres. Pourquoi cela me semble-t-il tellement vital au point de me déchirer des deux personnes qui pour moi étaient ce qu’il y a de plus précieux au monde.
Le voyage on l’a en soi, comme un musico a le besoin de jouer, de créer, d’explorer les sons ; un peintre celui d‘allumer des images, un écrivain le besoin de raconter. Et que pourraient-ils répondre à leur conjoint, tant aimé soit-il, s'il leur demandait de choisir entre lui et leur art ?
Deux ou trois expériences de la mort qui vous frôle vous confortent dans la certitude de l’instantanéité de toute vie… Nulle construction ne peut remplacer la magie de la perpétuelle découverte.
Voila bien plus de questions que de réponses en somme, pour toi 2A. Si tu le peux, le souhaite, aide moi à comprendre ce qui pousse les gens comme moi, mais surtout je t’en prie ne me guérit pas. J’adore ce que tu écris.Continue, j’apprends et comprends plein de choses… Ca ce dévore comme les yeux le font d’un paysage.
Du voyage dépend peut-être la survie de la terre ? Comme disent les gitans « c’est de nos pas qui ne cessent que la terre tourne ».
.Otra