Mère disparue
Joyce Carol Oates
Traduit par Claude Seban
Si ce livre a été écrit après la mort de la mère de l’auteure, il n’est pas un récit autobiographique. Il commence comme un polard. Mais… le meurtrier est vite retrouvé. Donc pas d’enquête… une quête plutôt, celle de Nikki. Elle part à la recherche de qui était la vraie Gwen Eaton, sa mère, que ses amis avaient surnommée « Plume », une si « gentille petite » qui fut dans les années 50 « une pom pom girl fadement mignonne comme des milliers – des millions ? – d’autres jeunes filles instantanément reconnaissables par des américains de la classe moyenne par tout non-américain ».
Par petites touches, Joyce Carol Oates fait vivre cette femme si gentille qui semblait avoir dans la vie comme seul objectif de rendre heureux les gens. Petites touches colorées dans un premier abord qui se noircissent peu à peu quand elle décrit les relations de Gwen avec son mari, homme imbu de lui-même et sourcilleux sur son autorité, les relations entre les deux sœurs, les rapports sociaux hiérarchisés dans le microcosme où vit la famille.
Nikki, la fille-narratrice, change-t-elle dans cette confrontation posthume ? Peut-être est-ce nous qui changeons notre regard sur ceux et celles que nous aimons, un regard qui sait.
D’entrée de jeu, Joyce Carol Oates s’adresse à chacun et chacune d’entre nous :
« La dernière fois que vous voyez quelqu’un sans savoir que ce sera la dernière fois. Et tout ce que vous savez maintenant, si seulement vous l’aviez su alors. Mais vous ne saviez pas, et maintenant il est trop tard. Et vous vous dites "comment aurais-je pu savoir, je ne pouvais pas savoir".
Vous vous dites.
Je raconte ici comment ma mère me manque. Un jour, d’une façon qui ne sera qu’à vous, ce sera aussi votre histoire. »