L'une des propositions de l'équipe formée autour Ségolène Royal au 75° congrès est la création d' une "université socialiste de la connaissance", sur le modèle des universités populaires et ouverte aux militants et sympathisants (extrait d'un communiqué de la fédération du PS 35, le 17 Novembre 2008)
Cette proposition traduit très concrètement une réflexion partagée avec les lecteurs d'Angle de vue Angles de vie la première fois le 4 Décembre 2006, la seconde fois le 19 Février 2007, en pleine campagne pour les présidentielles :
4 Décembre 2006 : Education populaire et permanente pour des Citoyens experts
La proposition de Ségolène Royale d’un mode de gouvernance qui reconnaît et mobilise l’expertise des citoyens est aux antipodes du populisme et de la démocratie d’opinion. Valoriser l’expertise citoyenne, le « citoyen expert » c’est agir concrètement pour prévenir les dérives populistes
La démarche politique du « citoyen expert » dépasse la seule expression de mécontentement, la simple « réaction » de sanction (attitude réactionnaire au sens strict du terme), la « déselection » comme la nomme Pierre ROSANVALLON dans son dernier ouvrage ou il analyse les dérives possibles des phénomènes de « contre démocratie » à une période ou « L’idéal démocratique règne désormais sans partage, mais où les régimes qui s’en réclament suscitent partout de vives critiques ».
S'il exerce son sens critique et ne s'interdit pas de brandir son pouvoir de véto, le citoyen expert fait d’autant plus confiance à ceux qu’il a choisi d’élire que ceux-ci l’associent au contrôle et à l’évaluation des politiques qu’ils proposent et conduisent…, mieux l’associent au diagnostic, écoutent, prennent au sérieux ses attentes, mobilisent ses idées sur les solutions aux problèmes qu’il soulève.
Comme toute expertise, l’expertise citoyenne est une construction. Fondée sur l’expérience quotidienne, ancrée dans le réel (social, économique, culturel…) elle suppose néanmoins une démarche d’élaboration des connaissances, de confrontation et d'intégration des savoirs. En cela, le projet de valorisation de l’expertise citoyenne rejoint l’idéal et la pratique du mouvement de l’éducation populaire et permanente.
19 Février 2007 : Ecoles du citoyen et "nouvelles grilles "
Profondeur et confusion caractérisent le débat public dans cette avant dernière partie du jeu de l'élection présidentielle.
Rarement les questions de fonds dont les réponses conditionnent notre avenir individuel et collectif, toutes générations confondues, n'auront été autant et parfois aussi bien posées. En même temps il règne chez ceux qui sont censés éclairer l'analyse, proposer des solutions, donner du sens aux engagements une grande confusion voire parfois une inversions des valeurs, des positions.
Il est difficile, dans un tel contexte, pour le citoyen lambda, de poser un regard lucide et ouvert au delà de son bout de jardin, sans être submergé par ses propres angoisses et affects ; encore plus difficile pour lui de contribuer - comme on l'invite pourtant, de droite et de gauche et avec raison - à la production d'idées et de solutions qui soient positives pour lui et ne se retournent pas contre ses congénères (parfois les plus proches mais aussi dans l'espace monde), avec lesquels il ne parvient plus à voir ce qui fonde des intérêts et un destin commun.
L'exercice démocratique de l'élection présidentielle et législative se prête peu à l'analyse et à la réflexion. Il faut supporter, choisir, au bout du compte sélectionner, un jour et pour un temps donné ceux que l'on pense en conscience les meilleurs pour conduire les politiques qui nous paraissent répondre le mieux à nos attentes.
Le débat citoyen, la démocratie participative à laquelle Ségolène Royale nous invite (mais il me semble que d'autres à gauche ont aussi cette aspiration et ce projet), sont d'une autre nature, ne peuvent fonctionner au même rythme, et enfermés dans le cycle du débat électoral. Et bien sûr il faudra inventer et faire vivre pour cela d'autres institutions démocratiques, au premier rang desquels les organisations politiques.
Faire des partis politiques de véritables "écoles du citoyen", et non simplement des écuries de candidats, me parait être la mère des réformes institutionnelles...