La règle du jeu des scrutins à la majorité absolue est simple…et impitoyable . Celui qui a une voix de plus que la moitié des suffrages exprimés, l’emporte. Alors 1, 30, 42, 1000 ou 10 000 voix de plus, peu importe le score … Quoique ?
A 30 voix de différence ou à 10 000, la victoire est légitime si on a la garantie que le scrutin et la transmission des résultats se sont déroulés sans fraudes ou irrégularités. Mais il n’échappe à personne que la sensibilité à l’erreur est bien plus grande sur les petit nombres. A voir le coté artisanal et un peu improvisé des bureaux de vote, particulièrement dans les petites sections (malgré le travail et la forte implication des militants), on comprend que les risques d’erreurs ne sont pas négligeables, et sans qu’il soit nécessaire de soupçonner l’honnêteté des scrutateurs. Je fais confiance aux instances de régulation du parti pour faire la lumière sur les dérapages possibles. Et je conseillerais bien aux lieutenants de Ségolène de ne pas trop diaboliser le contexte électoral, ni de faire monter les tensions déjà extrêmes au sein du parti. Cette action me parait contre productive et peu cohérente avec notre façon de repenser les rapports humains dans l'espace politique (sans pour autant faire preuve d'angélisme...) : les militants, dans leur immense majorité, supporteront mal que l’on prenne le risque de dégrader encore plus l’image du parti.
A 30 voix ou à 10 000, la victoire est légitime, mais le niveau du score conditionne fortement les conditions d’exercice et les marges de manœuvre de la gouvernance à venir. Moins l’élu dispose d’écart avec son challenger, plus il devra - en bonne démocratie et intelligence du rapport de force - tenir compte des positions et de l’influence du challenger et de son camp. Ceci est vrai pour Martine , ça l’aurait été ou ça le sera en cas de victoire de Ségolène. La future première secrétaire du parti socialiste devra tenir compte du poids spécifique de son challenger et engager avec elle une négociation permanente sur la gouvernance du parti. Le plus tôt sera le mieux.
Au delà de ces considérations et quoi qu’il en soit de l’arithmétique électorale et de l’issue de la commission qui étudiera Lundi les réclamations et devrait stabiliser et officialiser les résultats, il est clair que Ségolène a gagné et que Martine a perdu la vraie bataille politique.
Avec un score minimum prévisible de 43 ou 44 %, Ségolène aurait sans doute gagné sa place dans la petite cour des éléphants tout en n'étant pas assurée d’en sortir par le haut dans trois ans. A 49,98 (ou plus de 50 % c'est encore possible!) elle reprend toute sa dimension de leader au dessus de la mêlée et prouve sa capacité à rassembler une base large de socialistes qui s’étaient distribués au congrès sur les motions A,B,C,E.F, cela presque seule, les grands élus régionaux l’ayant quelque peu abandonnée depuis la présidentielle - Il n’est plus possible de cantonner Ségolène et tous ceux qui se sont rassemblés autour d'elle, dans l’espace de la « droite du parti ». Efin personne ne doit oublier que nombre de ses soutiens sont toujours – ou sont retournés - en dehors du parti, constituant la véritable réserve de la gauche socialiste et d’un parti rénové.
Avec 50,01 %, Martine - et surtout ceux qui se sont cachés derrière elle pour préserver leurs chances en 2012 - perd une bonne part de son avantage supposé de « femme de synthèse » entre la gauche auto-proclamée et les socio-libéraux du parti. Elle ne parviendra pas, emprisonnée par la bande hétéroclite des TSS, à incarner et conduire une véritable rupture, dont elle sent pourtant sincèrement l’impérieuse nécessité.
Pour ces raisons, il faut que Ségolène et tous ceux qui la soutiennent - et j’en suis plus que jamais – gardent leur sang froid et aient confiance en eux même. Un grand chemin a été parcouru et les conditions pour ancrer notre « désirs d’avenir » au cœur du parti socialiste et de la gauche de gouvernement n’ont jamais été meilleures, que le redressement des résultats du vote soient favorable à Ségolène ou pas, que l’on revote ou pas la semaine prochaine.
Une condition cependant : surtout ne pas déserter le PS, au contraire, faire adhérer en masse.