Marie Anne a lu "Œuvres romanesques", de Katherine Mansfield, aux éditions Stock
Contemporaine de Joyce, Faulkner, Proust et Virginia Woolf (qui en était « férocement jalouse » comme l’écrit Nigel Nicholson), Katherine Mansfield n’a pu donner une plus grande ampleur à son talent : la mort l’a rattrapée à l’âge de 35 ans. Elle a laissé des lettres, un journal et des nouvelles.
Elle écrit presque comme si elle prenait une photo : elle cadre une tranche fine de vie, la sienne ou celle de personnes qui nous ressemblent. Il ne se passe pas quelque chose d’extraordinaire dans ces vies-là, sinon un tout petit fait qui donne une intensité particulière à cet arrêt sur image de leur quotidien.
Ces vies-là sont au centre de leur histoire, imbriquées dans la complexité de l’expérience, emportées par la violence des sensations et, toujours à un moment, mises en distance par leur propre prise de conscience. Cette expérience, éclairée par la conscience de soi et de l’autre, leur permet de voir « leur petit monde » différemment et de le réorganiser.
L’écriture de Katherine Mansfield est toujours sur le fil du rasoir, entre poésie et réalisme, si bien que, comme la photo, ce qui paraît vrai n’est, comme elle l’écrit elle-même, que mensonge : « Dites-moi, dites-moi, pourquoi est-il si difficile d’écrire simplement, et non seulement, simplement, mais sotto voce, comprenez-vous ce que je veux dire ? C’est ainsi que j’aspire à écrire. Pas de jolis effets, pas de bravura. Simplement la vérité nue, comme seul un menteur peut la dire. »
L’écriture de Katherine Mansfield n’est pas « intello », au contraire, elle est tout en demi-teinte, comme la lumière dans une photo noir et blanc !
Les commentaires récents