Mon amie Alberte nous met sur la piste d'une autres "Dame de Haute Savoie" :
"Je navigue sur les 2 ou 3 blogs de personnes que je connais et je viens de faire un tour sur celui d'une copine qui est partie s'installer à Phoénix (Arizona) avec toute sa petite famille depuis quelques mois seulement. Elle a un blog d'expat et elle rédige souvent des articles sur la "vraie vie" aux states. Je me dis que certains articles pourraient intéresser les lecteurs d'Angle de vue, Angles de vies".
Je ne résiste jamais à de telles invitations et viens de lire tous les posts de "nathinphoenix", le blog de Nathalie. J'y ai trouvé de sensibles Angles de Vues sur la vie de nos cousins d'Amérique et découvert que nombreux sont les francophones et francophiles qui vivent à Phoenix, ville emblématique de la sunbelt.
Je vous invite à lire régulièrement le blog de Nathalie à cette adresse
Je relève dans les publications de ces deux derniers mois trois chroniques, dont deux font échos à nos questions sur l'école et à la protection sociale et plus particulièrement au droit à la retraite.
A l'école, tous "customers" !
Une petite fille de la classe de ma fille Liam aurait été bousculée par une enseignante... C'est au conditionnel, car si je crois la maman, ce type d'info et surtout son degré de gravité est à prendre avec beaucoup de précaution. La maman en question est effondrée et je la comprends. Il est à noter que c'est une autre enseignante qui rapporte l'incident...
Loin de moi l'idée de porter un jugement, je n'étais pas directement témoin, mais cela pose le problème du rapport que les enfants peuvent avoir vis à vis de la sanction. En tant que pédagogue, je suis toujours très choquée de savoir que des adultes perdent leurs nerfs sur les enfants. Ce que l'on fait en tant que parents n'est pas pareil nous sommes dans l'affectif, l'éducation, l'immédiateté... Je suis choquée lorsqu'un professionnel se laisse aller à un comportement agressif vis à vis d'un enfant ou plus largement de quelqu'un sur qui il a autorité.
Mes enfants, dieux merci, ne sont pas concernés mais des choses me gênent dans cette école.
Les mails c'est : dear customer - c'est dur ! nous sommes dans un degré
de mercantilisme très difficile a supporter pour une française.
D'autre part les parents peuvent s'inviter dans une classe et suivre le
cours puis demander des comptes au prof... Deux enseignantes se sont
faites virées de cette façon.
Si je pense qu'en tant que parents, nous avons notre mot à dire sur la qualité de l'enseignement je suis plus dubitative sur notre degré à évaluer une pratique pédagogique.
A priori le rapport à l'argent est omniprésent et l'enfant est un client, pas un élève... Ce qui d'autant plus bizarre me direz-vous pour l'incident que je rapporte.
Mais il y a un lien, le rapport est si tendu - on ne doit pas perdre un
client - qu'il n'y a plus le recul nécessaire à l'approche systémique
de l'enfant.
L'état de stress de l'équipe éducative est tel qu'elle ne peut plus
prendre l'enfant dans sa globalité et relativiser les incidents afin de
se mettre dans une position d'arbitre.
Le trop est l'ennemi du bien et en voulant tout régenter on se retrouve dans une position inverse à l'effet recherché.
Aus states, la langue française défendue par le Quebec
D'abord mea culpa, je ne me suis jamais vraiment engagée dans la défense de la francophonie dans le monde, j'avais d'autres combats on peut pas tout faire...
Mais depuis que je vis en pays anglophone, je vois a quel point le français est important ici... Les tiquettes des produits sont en français, des fois ça aide bien, les mots de français sont systématiquement présents dans le vocabulaire américain, surtout dans la mode, la déco et le vocabulaire amoureux (les français et leur célèbre baiser !)...
Et tout ceci grâce au Québec, qui défend bec et ongles la francophonie partout aux states... si beaucoup de produits sont étiquetés en français c'est que le marché canadien l'exige, si les mots de français sont si présents et si vivants dans la déco c'est parce que les créateurs francophones viennent aux USA par le biais du Canada et du Québec...
Et si j'ai pu regarder, avec délectation « Fauteuil d'orchestre », le film français de Danièle Thomson, c'est grâce a une chaine de télé américaine sponsorisée par des fonds Quebecquois... Et si, lorsque je suis bien fatiguée je peux regarder un DVD américain en français, c'est toujours grâce au Québec et à son combat...
Alors MERCI, chers cousins. Rousseau avait tort vos quelques arpents de neige, valaient notre soutien...
Le rêve de Laura d'une protection sociale à la française !
Hier soir nous recevions nos voisins de gauche, enfin de la gauche de la maison, Dick et Margareth avec leur fille Laura. Ils sont adorables et nous ont beaucoup aidé lorsque nous avons eu nos ennuis pour le crédit. Dick est professeur de dessin et peintre, et Margareth agent immobilier. Ouais et ou veut elle en venir Nath ?
Juste au fait que Dick a 79 ans et que Margareth en a 77 et qu'ils bossent comme des dingues. Et ce n'est pas par plaisir - surtout dans le contexte du marché immobilier actuel - ils sont très fatigués et cette fatigue s'inscrit sur leur visage, et dans leur corps...
Ils nous ont demandé comment cela se passe en France pour les impôts, la couverture maladie, la retraite... Et nous ont expliqué leur situation... avant 1980 il n'existait pas de régime de retraite obligatoire, et les plans volontaires étaient chers et quelquefois peu fiables car tributaires des fluctuations des marches.
Donc peu de gens les prenait, et lorsqu'ils arrivent au moment de la retraite ils n'ont rien et doivent continuer de bosser, jusqu'a la mort...
Non je me dramatise pas. L'autre jour au supermarché c'est une dame de 75 ans qui mettait mes courses dans les sacs. j'avais un gallon de lait relativement lourd, elle galérait pour le prendre, alors je lui ai dit que j'allais le faire, elle me repondit que c'était son job et qu'elle en avait besoin pour vivre. La mort dans l'âme et le rouge au front je la laissais faire...
Pour la santé c'est la mme chose. T'as pas d'argent t'es pas soigné.. enfin si, quand même car les carricatures montrant les gens abandonnés sur le trottoir des hopitaux ne correspondent pas à la réalité. Mais l'assurance peut refuser un traitement, pourtant vital, car trop cher : il y a le cas d'une dame à l'école qui n'a plus ses pillules contre ses allergies car sa mutuelle est en bisbille contre le labo. Dans le même ordre d’idées certaines mutuelles ne remboursent pas des traitements contre le cancer car l'espérance de vie n'est pas suffisante.
En adepte de la retraite pas répartition et plus largement de la solidarité comme choix de socite, je suis choquée. Puis je creuse...
Dick nous dit que l'héritage historique de la construction des Usa est à la source de cette façon de voir. L'individualisme est roi, le choix de n'être concerne que par soi est la règle. Si tu ne prends pas tes précautions tant pis. C'est l'héritage d'une nation nouvelle, fraîchement créée - pour un historien 300 ans c'est peanuts - et bâtie par des aventuriers au sens noble du terme. Et c'est bien connu les aventuriers sont par principe, des gens qui prennent des risques...
Mais alors me direz-vous les américains sont des gens repliés sur eux-mêmes et qui laissent leurs concitoyens moins fortunés dans la mouise ?
Non, car le tissus associatif caritatif est très important. On ne compte plus les soirées de charité pour récolter des fonds, les dons sont entièrement déductibles des impôts, et les prêches des ministres du culte exhortent les fidèles à donner et surtout a s'impliquer. Dichotomie bizarre, mais intéressante. On donne pour l'autre mais on choisi l'autre, on ne donne pas en général...
Laura rêve de notre société française où la solidarité est la loi, et elle rêve de payer autant d'impôts qu'en Suède ou en Norvège, pour que des gens comme ses parents puissent vivre décemment sans avoir à travailler jusqu'à la mort.