Que se passait-il à Lorient le Samedi 11 Mai 1968. Et bien, moi, je fêtais mes dix huit ans.
Et savez-vous quel est, ce jour là, à Lorient, le seul évènement notable dont on trouve la trace aujourd'hui sur la toile ? Eric Tabarly mettait à l'eau son Pen Duick IV.
Nous étions pourtant au cœur des évènements, le lendemain de la nuit d'émeute au quartier latin.
En Bretagne et particulièrement à Lorient, le mouvement social prenait de l'ampleur, boosté par la grève des pêcheurs.
Elève au Lycée Sant Louis - respectable institution catholique- J'avais, dans la semaine, avec mon copain Loïc BONNEMAIN, profité d'une heure de "dispense de gym" pour rédiger un appel à la grève, présenté dans l'entre deux cours, à l'ensemble des élèves de première et terminale. Nous avions du être convaincants puisque immédiatement les cours furent bloqués et cela dura au moins trois semaines.
Avouons le modestement, nous avions été bien relayés par la joyeuse bande de jeunes profs de l'époque : les Hollocoux, Lepen, Lalluyau, Joaquim, maîtres auxiliaires, frais émoulus de la fac, qui prenaient progressivement le relais des bons pêres, au demeurant plutôt ouverts (libéraux dira-t-on...) qui d'ailleurs, très habilement, accompagnaient le mouvement et sauront sans difficulté, le récupérer - avec ses leaders - dans les semaines qui suivront... Mais c'est une autre histoire.
Comme aujourd'hui, il faisait beau et chaud en ce mois de Mai 68. Et, à Lorient, la plage n'était jamais loin des pavés : manif et interminables débats dans les multiples coordinations auxquelles nous participions, jusqu'à 14 ou 15 h ; puis bains et chauds ébats amoureux, sur la côte, jusque tard, le soir, sans être obligés de rendre compte aux parents, contraints, compte tenu de l'ambiance générale, de lâcher prise (rappelez-vous la majorité était à 21 ans...).
Il faut dire aussi que la préparation du bac ne me préoccupait pas puisque,ayant eu la bonne idée de redoubler ma troisième, j'étais seulement en première ! La plupart des terminales, en pleines révisions, préféraient eux assurer le coup et nous laissaient le champ libre pour un apprentissage express et intensif d'animateurs - meneurs de foules, portes paroles,négociateurs, sans doute un des acquis les plus décisifs et précieux de mes années lycées...