Le journal Malango revient sur les conséquences des évènements de Jeudi sur la population des réfugiés anjouanais la plupart clandestins dont le nombre, rappelons le, est estimé à 50 000 sur les 180 000 habitants de l'ile.
Amalgame entre les auteurs de violences et les Anjouanais

Casser les voitures, taper les gens, ce n'est pas bon." S'il n'envisage pas de quitter Mayotte pour l'instant, il reconnaît que "si ça devient grave, il vaudra mieux partir." Soraya non plus n'a pas bougé de chez elle pendant la journée de jeudi, effrayée par les "bagarres" entre des jeunes de son quartier, Kaweni, et les forces de l'ordre. "Il y a des gens qui ont fait n'importe quoi", dit-elle. "Il y a avait beaucoup de lacrymo, ça rentrait chez nous." Vendredi, alors que "les gendarmes de La Réunion patrouillaient à Kaweni", Soraya a pris son courage à deux mains pour se rendre à son travail. Mais elle appréhende son prochain rendez-vous avec une assistante sociale. "Si je tombe sur une Mahoraise, comment elle va me parler ? Est-ce qu'elle ne va pas m'insulter en voyant que je suis anjouanaise ? Ça me fait peur…" "Choquée" par le comportement des jeunes caïds qui se sont livrés à des violences à la barge et à Kaweni, elle a passé la journée de jeudi à s'inquiéter pour l'une de ses amies mzungu…
Mais cela, de nombreux habitants de l'île ne veulent plus le savoir, à l'image de cette villageoise de M'zouazia, la localité du sud où aurait débarqué Mohamed Bacar, qui affirme que "les Anjouanais sont méchants", ou de cette internaute métropolitaine qui écrit sur un forum : "Je ne comprends pas que les Anjouannais se soient ainsi vengés sur la population "blanche lambda" perdant de ce fait tout espoir de se faire accepter. Auparavant, j'étais choquée de voir les rafles. Maintenant, je les verrai sans état d'âme."
Une propension à faire l'amalgame entre une poignée de garçons violents et toute une communauté, qui rappelle les évènements de septembre 2005. A l'époque, une manifestation de 800 personnes en situation irrégulière demandant à être rapatriées vers Anjouan aboutit -dans des conditions troubles- au saccage de la permanence de Mansour Kamardine. Trois jours plus tard, 2.000 Mahorais se rassemblent à Mamoudzou pour dénoncer l'immigration clandestine et les médias n'hésitent pas à publier des écrits tels que celui de l'auteur Abdou Baco Mambo, qui parle de "horde sauvage de clandestins" et affirme que le seul langage que "ces voyous comprennent, c'est la violence, l'extrémisme, l'attitude outrancière"…