Dernières nouvelles du bourbier
D’Alexandre Ikonnikov
Arrosé de bonnes rasades de vodka – à tel point qu’au bout de quelques pages vous vous sentez comme l’envie d’accompagner la lecture grinçante de ces nouvelles d’un bon petit verre bien corsé – Alexandre Ikonnikov nous promène dans la Russie d’aujourd’hui, avec un regard plein d’humour et tendresse sur ses contemporains.
"La nuit dernière à U., la caserne des pompiers a été détruite par le feu. Grâce à l’action efficace des pompiers, un engin a pu être sauvé. On ne déplore aucune victime. » Cela nous conforte dans les stéréotypes colportés à l’ouest : alcool, passe-droit, administration inefficace etc.
Mais des petites pointes comme celle-ci devraient nous faire balayer devant notre porte :
« Vive Coca-Cola – et avec lui toutes les autres boissons d’importation. Dans leurs étincelants plastiques, cartons et fers-blancs, ils comblent le cœur et la vessie des citoyens russes… ( l’auteur raconte comment enfants, adultes, artistes et designers se sont emparés des boîtes pour les transformer). Dès que les entreprises locales ont compris tout le plaisir et la bonne humeur salutaire qu’apportaient ces choses utiles et intéressantes dans les familles russes, ils ont tiré profit de l’expérience occidentale et renoncé au bon vieux verre consigné.
Donc un grand merci à toi, Coca-Cola, boisson du progrès russe. »
Derrière la satire, n’est-ce pas à la qualité de nos propres choix – certains irréversibles – que nous renvoie l’auteur ?