" Laval. Le ciel est d’azur entre les feuilles toutes neuves des vieux arbres et la Mayenne paresse en ce printemps trop chaud. Scotchée grossièrement avec du collant marron, un énorme « NON A LA SOCIETE DE CONSOMMATION » barre les vitres des panneaux Decaux à travers la ville.
Cela a fait tilt ! Où avais-je vu le même cri ?
Chez les nouveaux réalistes au Grand Palais. Les quelques deux cents œuvres exposées nous sautent au visage, œuvres prémonitoires et, oh combien accusatrices ! de la société de consommation naissante.
A la différence des militants lavallois et de leurs mots, Martial Raysse s’empare des produits ménagers et des colifichets de supermarché qui nous ligotent, esclaves que nous sommes de l’objet-roi. Il les découpe, les assemble, les collectionne pour nous « donner à voir » la réalité. Yves Klein, JeanTinguely et Jacques Villeglé s’effacent et laissent aux passants anonymes le soin d’exécuter eux-mêmes leurs œuvres.
De nombreuses vidéos montrent combien ils n’ont pas l’âme triste ! Daniel Spoerri, par exemple, pendant douze soirées, prépare des plats. A la fin de chaque repas, l’une des tables est fixée, témoin d’une œuvre éphémère. César compresse en petits ballots des voitures. Arman brise pianos et violons et en expose les morceaux. Nikki de Saint Phalle tire de vraies balles sur l’effigie grotesque de son père incestueux. Les « actions-spectacles » sont jubilatoires et parfois très violentes, comme une alarme pour sortir de l’endormissement provoqué par la société de consommation.
Un peu tristounettes les feuilles scotchées à Laval? Preuve en tous cas que nous n’avons toujours pas compris !"
Marie-Anne était à Laval pour la première de l"'Histoire du Soldat" par la compagnie du Tiroir des affabulations et l’ensemble instrumental Contrastes 3. Nous attendons avec impatience ses échos et sa critique du spectacle, en attendant d'aller le voir nous même lors de son passage à Saint Malo et de pouvoir, à cette occasion, interviewer, en vidéo, les membres de la troupe de musiciens et comédien.