6 semaines de débats, maîtrisés, intéressants et brillants, donnant une image trés positive du PS et de ses ressources d'intelligence et de compétences, sur la chaîne parlementaire.
6 semaines de guéguerre souterraine, faite de coups bas, d'instruction à charge de procés ignobles, sur fond d'alliance objective et tactique entre deux caciques qui s'autoproclament les seuls "compétents" pour la fonction présidentielle, relayés par une ribambelle de langues de fiel.
Au final du double processus débattre / abattre, je sors avec la conviction plus forte encore qu'il est utile et nécessaire de voter Ségolène ROYALE dans la perspective vitale pour le pays d'une présidence de gauche. Ce sentiment est largement partagé dans mon entourage dont plusieurs membres avaient pourtant besoin de s'en convaincre.
Disons d'abord que je ne vote pas Ségolène contre DSK ( contre Fabius si)...
La tentative de DSK d'affirmer ouvertement la nature Sociale Démocrate du PS et de donner corp à une politique cohérente avec ce projet est salutaire. Encore faut-il aller au bout de la proposition et aussi ne pas se tromper d'adversaire. (en ce sens je suis en profond accord avec l'opinion de Hugue que vous pourrez lire sur son blog)
DSK n'est pas le seul à incarner cette orientation dans le parti (la plupart des soutiens de Ségolène sont des socio démocrates réformiste assumés et actifs). Je ne voterai pas pour lui car je ne crois pas qu'il soit le mieux placé pour faire triompher cette ligne à l'élection présidentielle telle qu'elle se profile... Ségolène Royale, qui n'a aucune leçons de social démocratie à recevoir, a quelque chose que DSK n'a pas et sans lequel la Social Démocratie moderne se confond avec la Technocratie Sociale ou pire la Bobocratie, elle est "populaire" ! pas populiste messieurs, populaire. C'est à dire qu'elle est reconnue par le peuple.
Cette reconnaissance elle la doit au fait qu'elle écoute et surtout entend (comprend, relaie, met en perspective politique...) la parole qui monte du peuple de gauche (celle qui n'a pas été entendue en 2002, par un Jospin trop sûr de son bilan). Pas le peuple de gauche tel qu'on l'imagine, ou tel qu'on le voudrait dans les clubs et la médiacratie Parisienne ou chez les camarades de lextrème gauche anti libérale, mais tel qu'il vit au cœur du pays, dans la diversité de ses villes, banlieux et campagnes. Tel qu'il pense, travaille,chôme, étudie, élève ses enfant ou petits enfants, réagit, se projette, a peur, protège ses intérêts, est solidaire, généreux...Tel qu'il est aussi assez largement représenté dans les sections du PS et pas uniquement chez les nouveaux adhérents.
Le peuple de gauche sait ce qu'histotiquement il a gagné et veut protéger et aussi ce qui ne va pas et qu'il faut changer. Il n'a pas peur du changement, il veut simplement en être, il n'a pas peur de la réforme, il refuse simplement la régression. Ce peuple là il n'est pas révolutionnaire, parce qu'il ne croit plus à ceux qui prétendent faire son bonheur sans lui, malgrés lui, au nom de systèmes fermés et brutalement en rupture. Il peut être réactif, en révolte et aime qu'on appelle un chat, un chat !
En même temps il n'est pas dupe de ses propres contradictions, le peuple de gauche, et ne déteste pas qu'on lui propose de les dépasser ( Sécurité et éducation ; progrès économique et préservation de l'environnement, volonté de contrôle et de participation citoyenne et confiance en nos élus... Internationalisme et sentiment national...).
D'ailleurs (baigné dans un bain d'informations...de média) il est plutôt perspicace, instruit (de l'histoire, de l'économie, de l'art...) même si ce n'est pas de la manière dont les "professeurs" réduisent souvent l'instruction et la culture. Donc ce peuple, il sait parler, s'exprimer, débattre, formuler des idées... pourvu qu'on lui en laisse la possibilité et surtout qu'on en fasse quelque chose. Il peut aussi comprendre la complexité des situations et imaginer et adopter des solutions inédites pourvu qu'on prenne le temps de l'analyse, de l'explication, de l'adhésion, du contrat...
Le peuple de gauche attend d'un responsable politique qu'il comprenne l'intérêt, en économie de la connaissance, de valoriser et de s'appuyer sur l'intelligence collective. Qu'au delà de ses convictions, il sache écouter et entendre ; qu'il appuie son action sur des diagnostics partagés ; qu'il établisse en synthèse des projets ; qu'ensuite il en porte et garantisse la bonne réalisation ; enfin qu'il se soumette à l'évaluation des résultats et de la mise en œuvre des projets partagés, contractualisés.
Le peuple de gauche votera pour Ségolène parcequ'il lui reconnait cette compétence de plus. Les autres compétences qui font l'"homme" d'état, elles les a acquise comme ses petits Camarades à l'ENA et dans la fréquentation des hommes et des plus hautes instances de pouvoir... le grand oral du PS en a suffisamment apporté la preuve.
Enfin il est une autre raison essentielle de mon choix pour Ségolène Royale c'est son double engagement régionaliste/décentralisateur et Européen. C'est elle qui incarne le mieux (et elle fédère sur cette orientation un grand nombre d'élus régionaux et locaux) la volonté d'attribuer plus de pouvoir aux régions, aux territoires, dans une Europe plus affirmée (double dimension locale-globale du politique).
Quant au dernier coup bas (jusqu'à ce jour du moins) - voir ici l'objet du délit- , qui vise à monter les enseignants contre Ségolène ( Monsieur Allègre, le pourfendeur en son temps du Mamouth appréciera...), il renforce encore ma conviction : s'il faut appeler un chat un chat, il n'est pas honteux de dire que tout ne va pas bien dans le royaume de l'éducation et que le système doit être profondément réformé. Je connais bien cette question de la gestion des missions et du temps de travail des enseignants pour avoir réfléchi et travaillé en relation avec des enseignants progressiste et innovateurs, pour avoir créé et géré des centres de formation associatifs. Quant à la question des "ménages" des enseignants (de certains devrait-on dire pour être plus exacte), à leur propre compte ou pour des boites privée et trés lucratives elle mérite quand même d'être posée. J'ai le souvenir (c'était il y a plus de vingt ans bien sûr) du conflit des parents d'élèves du collège où était mon fils avec les enseignants qui refusaient que l'on organise, avec le soutien d'une association, le soutien scolaire sous prétexte que l'on allait demander une petite contribution financière aux parents. On s'est vite apperçu que les plus virulents, invoquant les principes de la gratuité de l'enseignement, se faisaient grassement payer des cours particuliers !
Ce n'est pas parceque les enseignants en particulier, plus largement les agents du service public composent une part importante de l'électorat de gauche, certain les situant même à l'épicentre du peuple de gauche, que l'on doit s'interdire l'esprit critique et le droit d'inventaire et d'évaluation du système, de l'organisation, de la qualité du service, de la compétence de ses acteurs : la défense réelle du service public est à ce prix et c'est bien un projet de gauche.